Je reçois régulièrement des demandes d'estimation de prix
pour des briquets
à essence de la part d'internautes (généralement des brocanteurs) :
inutile de me contacter pour ce type d'information, je ne connais pas d'argus des briquets
anciens, et je ne fournirais aucune estimation d'ordre financier.
Ma collection se compose de près de 80 briquets à essence, de différentes époques. Afin de les classer,
j'ai défini les catégories suivantes (bien entendu, certains briquets peuvent appartenir à plusieurs catégories) :
Catégorie : Briquets artisanaux : catégorie des briquets réalisés artisannalement, et
non industriellement, donc généralement sans marque et ce sont des pièces uniques.
Informations sur les estampilles taxes "Ministère des Finances" :
On m'a demandé à plusieurs reprises l'époque et le rôle des estampilles
"Ministère de finances" sur
certains briquets. Exemple :
Cette estampille correspond à une taxe (qui a dit "encore une" ? ;o) sur les briquets automatiques (il en existait également
une sur les allumettes) qui devait être acquittée auprès du ministère des finances. Cette taxe a été mise en place en 1911
et elle a perduré jusqu'en 1945.
La taxe était payable une et une seule fois par briquet automatique, c'est à dire les briquets à système
d'allumage automatique, équipés de pierre et molette. Ce n'était donc pas une taxe récurrente à acquitter chaque
année. Par contre, il était interdit de réutiliser une estampille pour un autre briquet.
Le contenu, la forme et la matière de l'estampille permet d'estimer l'époque:
Estampille en cuivre (avec tête de Mercure et année), de forme rectangulaire, de 1911 à 1914, comme ci-dessous :
Estampille en fer blanc, ou cuivrée (avec initiales "C.I." imbriquées, pour "Contributions Indirectes", symétriquement de part et d'autre de la tête de Mercure, sans année), de forme rectangulaire ou ovale, de 1914 à 1945, comme ci-dessous :
Parallèlement à cette dernière, à partir de 1926, jusqu'en 1945, un poinçon simple, portant uniquement l'acronyme "B.L." (pour Briquet de Luxe) apparait,
plus discret et moins discracieux que l'estampille, pour les briquets de grandes marques. A ne pas confondre avec "BL" qui est une marque de briquets.
L'avènement de la notion de brevet telle que nous l'a connaissons remonte au XIXème
siècle. Au début des
années 1800, les gouvernements (Français et autres) ont été attaqués en recours sur leurs responsabilités
liées à leurs décisions d'accorder certains brevets sans examen préalable poussé.
Il faut dire pour leur défense que le nombre de brevets a explosé à cette époque
(d'un facteur de plus de 100).
Les gouvernements ont réagit de différentes manières au milieu du XIXème siècle :
Les Etats-Unis ont choisi de mettre en place un examen plus poussé des demandes de brevet :
antériorité, inovation, intérêt, ...
Ce qui a eu pour effet de considérablement rallonger la durée d'obtention des brevets,
et coûté beaucoup plus cher à l'administration.
La France quant à elle a fait le choix de poursuivre un simple examen de forme, mais en
se déchargeant de sa responsabilité par la mention "Sans Garantie Du Gouvernement" (S.G.D.G).
La présence de ce sigle indique donc un briquet de conception française.
La mention S.G.D.G a été établie par la loi de 1844
(à l'époque de la Monarchie de juillet,
dirigée par Louis-Philippe Ier). Cette loi indique
que les brevets sont délivrés "sans examen
préalable, aux risques et périls des demandeurs, et sans garantie soit de la réalité, de la nouveauté
ou du mérite de l'invention, soit de la fidélité ou de l'exactitude de la description". Cette mention
a disparu en 1968, sous la
cinquième
république à la fin du dernier mandat du Général de Gaulles.
Apparition de la pierre à briquet
La pierre à briquet, qui est à base de ferrocerium, est une invention autrichienne de 1903,
du Baron Carl Auer VON WELSBACH. Avant cette invention, il existait de nombreuses techniques
d'allumage : allumette au soufre, à pyrogène, catalytique, allumette de sécurité, à émeri, électrochimique, à amorce..., mais elles seront toutes rapidement
remplacées par la pierre à briquet, bien plus sûre, efficace et simple d'emploi. Toutefois, des briquets plus récents existent avec ces systèmes d'allumage originaux.
Nombres gravés ou poinçonnés
Les briquets portent parfois des nombres gravés (formés d'un ou plusieurs chiffres). Leurs significations dépend de leurs formes :
NNNN (exemple : 1940) : il s'agit généralement de l'année de fabrication.
NN-N ou NN-NN (exemples : 75-1, 75-22) : il s'agit généralement du département d'origine
(les 2 premiers chiffres), suivit du n° d'inscription au registre du commerce de ce département.
Résumé
Il est très difficile de dater un briquet, ou connaitre son origine précise, lorsque celui-ci ne porte pas de date ou d'indication précise,
on peut néanmoins déduire certaines informations à l'aide des différents éléments cités ci-dessus :
Présence d'une pierre à briquet : briquet postérieur (ou égal) à 1903
Présence d'un autre système d'allumage, ou absence de système d'allumage : impossible de conclure, si le briquet est très ancien, il peut être antérieur à 1903
Porte une estampille en cuivre, rectangulaire, tête de Mercure, sans inscriptions "C.I." : entre 1911 et 1914
Porte une estampille en fer blanc ou cuivrée, rectangulaire ou ovale, tête de Mercure, avec inscriptions "C.I." : entre 1914 et 1945
Porte une estampille (poinçon) "B.L." : entre 1926 et 1945
Porte la mention "S.G.D.G." : briquet antérieur (ou égal) à 1968
Porte l'une des mentions "S.G.D.G.", "Fabriqué en France", "Made in France", "Modèle déposé", "France", "Paris", ... : briquet de fabrication française (sauf contrefaçon...)
Présence de nombres : NNNN = année de fabrication, NN-N(N) : département + N° d'inscription au registre du commerce
Ce qui suit vous donnera des solutions pour restaurer vos anciens briquets à essence.
Cela n'a rien de compliqué, voici les principales restaurations possibles, souvent à partir de pièces récupérées d'autres briquets (à gaz ou à essence),
ou des consommables aisés à se procurer :
Si la molette ne produit plus d'étincelle :
Il est parfois nécessaire de brosser la molette (avec une vielle brosse à dent par exemple) pour nettoyer les gorges.
Parfois, il faut remplacer la pierre : cela s'achète encore, mais vous pouvez aussi en récupérer une dans un briquet à gaz jetable usagé.
Notez qu'avec certains anciens briquets, le diamètre standard actuel peut être insuffisant, mais avec une pierre assez longue, même de diamètre plus petit, cela peut suffire.
Le ressort (qui pousse la pierre contre la molette) peut également être cassé, ou rouillé : vous pouvez utiliser un ressort d'un briquet à gaz jetable usagé (en le recoupant à la bonne longueur si nécessaire).
S'il n'y a plus de mèche et/ou plus de coton dans le réservoir, cela se remplace aussi :
Pour la mèche, je vous conseille de prendre une ficelle en coton, surtout pas en synthétique, de diamètre proche de la taille du trou (un petit peu plus large pour qu'elle tienne), et pas trop courte (2 à 2,5 fois la longueur du réservoir suffit en général). Le plus difficile étant de la faire passer par le trou, mais cela se fait très bien en l'attachant à un fil de fer très fin, voir un fil à coudre résistant (type cordonnet).
Pour le coton dans le réservoir, vous pouvez simplement utiliser du coton hydrophile, cela fonctionne très bien et c'est très économique. Notez que pour bien s'imbiber, la mèche doit zigzagger dans le coton pour être en contact avec le coton (d'où la longueur indiquée ci-dessus). Il faudra un peu tasser le coton, sans l'écraser complètement.
Concernant le carburant : il vous faudra de l'essence à briquet (qui se trouve en bureau de tabac ou droguerie).
Les briquets à essence peuvent fonctionner avec de l'essence de voiture, ou d'autres alcools ou carburants, mais ils produisent généralement une fumée noire et/ou ne sentent pas très bon.
L'essence à briquet n'a pas ces inconvénients.
Enfin, concernant le nettoyage : un nettoyant métaux (type Miror) est souvent la meilleure solution, en utilisant une vielle brosse à dent (pour frotter partout, sans rayer), puis un chiffon doux pour le lustrage.